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LE MAHA-BHARATA.

avec des rires bruyants et le roi de Gândhâra, Çakouni, de féliciter Douççâsana ! 2241.

Tous les autres, qui étaient là présents, hormis ces deux et Souyodhana, éprouvèrent la plus vive douleur en voyant Krishnâ traînée ainsi dans l’assemblée. 2242.

Bhîmaséna dit :

« Telle est ici, noble dame, la délicatesse du devoir que je ne puis te résoudre convenablement cette question. L’homme, qui ne s’appartient pas, ne peut mettre au jeu le bien d’un autre ! et je considère que la femme suit le sort de l’époux. Youddhishthira cédera toute la terre avec ses richesses, mais on ne le verra jamais abandonner le devoir. « J’ai tout perdu ! » a dit le fils de Pândou : je ne puis donc ici résoudre la question. 2243-2244.

» Çakouni n’a point son égal aux dés parmi les hommes ; et le fils de Kountî, auquel celui-ci fit oublier son amour, ne crut pas que tu pourrais être l’objet d’une tricherie. Il m’est donc impossible de répondre à ta question. » 2245.

« Comment provoqué au jeu par des gens adroits, amis des dés, vils tricheurs aux âmes corrompues, a-t-il pu oublier son amour et ne pas déployer ses plus grands efforts ? soupira Draâupadî. 2246.

» Il ne s’est point aperçu qu’il jouait avec des hommes au cœur gâté, déterminé à la fraude, et c’est pour cela que, vaincu par tous, il s’est obstiné au jeu. 2247.

» Je m’adresse au rois issus de Kourou, qui siègent dans cette assemblée ; regardez tous, et vos fils, et vos brus, et moi ; donnez-moi une réponse dans la vérité ! »

Tandis qu’elle parlait ainsi lamentablement, baignée de larmes, jetant ses regards sur ses infortunés époux,