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SABHA-PARVA.

serté aucune des vertus, mais je crains une faute, eût-elle la minime petitesse d’un atôme, que viendrait accuser la voix de mon époux ! 2234.

» Me traîner ainsi dans le jour de mes règles au milieu des héros de Kourou est une chose infâme ; et, certes ! il n’est personne ici, qui ne partage cette opinion et ne t’inflige son mépris ! 2235.

» Honte soit à vous ! La vertu des Bharatides est perdue : quiconque sait les devoirs du kshatrya en a déserté la pratique en ce moment, où les Kourouides voient tous avec indifférence dans cette assemblée franchir la rive, où est contenue la vertu de Kourou ! 2236.

» Il n’est donc plus un souffle de vie en Drona, en Bhîshma, en Kshattri, ni même en ce magnanime roi, puisque les plus grands et les vieillards de Kourou ne voient pas commettre ici un forfait épouvantable ! » 2237.

Tandis que cette femme à la jolie taille parlait d’une manière si touchante, elle vit de ses yeux charmants les cinq époux irrités, et, laissant tomber sur eux le regard oblique de ses yeux, elle enflamma ces fils de Pândou, dont la colère enveloppait les membres du corps. 2238.

Ni la perte des richesses, ni celle des pierreries les plus précieuses, ni celle du royaume entier ne leur avait causé autant de peine que ces obliques regards de Krishnâ, lancés par sa honte et sa colère ! 2239.

Douççâséna lui-même, quand il vit Draâupadi regarder ses époux infortunés, secoua vivement cette femme, de qui toute connaissance paraissait évanouie et s’écria avec un rire éclatant : « Ce n’est plus qu’une servante ! » 2240.

Karna d’applaudir à cette parole au comble de la joie