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SABHA-PARVA.

son lacet, et tu ne le sens pas ! Tu es suspendu sur le bord d’un précipice et tu ne le vois pas ! Gazelle, tu irrites au plus haut point la colère des tigres ! 2187.

» N’irrite pas sur ta tête des serpents à la brûlante colère, aux mortels venins ; ne te précipite pas, ô le plus insensé des hommes dans les demeures d’Yama ! 2188.

» Certes ! Krishnâ ne mérite pas d’être jetée dans la condition des esclaves ; en effet, quand elle fut mise pour enjeu, le roi n’était pas maître de soi-même : voilà mon sentiment. 2189.

» Tel que le roseau, destructeur de lui-même, ce roi bientôt recevra sa récompense ; le fils de Dhritarâshtra, ne s’aperçoit pas dans son ivresse, que ce jeu est la source de la plus épouvantable guerre. 2190.

» La parole de l’homme, dit le sage ; ne sera point acrimonieuse, mais toujours aimable ; ensuite, il ne doit point abuser de sa force pour dépouiller un plus faible ; qu’il ne dise jamais de ces calomnies, regardées justement comme des crimes, qui portent le trouble dans le cœur des autres. 2191.

» La bouche envoie des paroles outrageantes, dont les blessures font gémir nuit et jour. Ce sont des flèches, qui ne tombent pas dans les articulations, mais que le sage ne doit jamais lancer contre ses ennemis ! » 2192.

» Le bouc unique, assure la tradition, avala un trait épouvantable envoyé pour lui trancher le cou ; et, rejetée de sa tête, la flèche périt dans la terre : ne t’engage donc pas dans une guerre avec les fils de Pândou. 2193.

» Ni à l’hermite des bois, ni au maître de maison, ni à l’ascète, de qui la science est parfaite, les enfants de Prithâ ne disent rien de semblable à ces paroles, qui sont