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SABHA-PARVA.

» Alors, ces deux femmes-sœurs, pleines de trouble, s’étant consultées, abandonnèrent avec une vive douleur ces deux sections d’un être animé, dans les membres séparés duquel était répandue la vie. 712-713.

» Leurs nourrices, ayant mis ensemble ces deux parties d’un embryon, sortirent, passèrent la porte sans être vues, et, les ayant délaissées, elles rentrèrent dans le gynœcée.

» Une Rakshasi, nommée Djarâ, de qui la chair et le sang étaient la nourriture, vit ces portions jetées dans un carrefour et, sire, elle s’en empara. 714-716.

» Le Démon, qui désirait trouver dans ces morceaux le plaisir d’un festin, les prit donc et, poussé par la force du Destin, les rapprocha dans la jonction naturelle. 716.

» À peine ces deux portions eurent-elles été réunies l’une à l’autre, puissant roi, qu’elles ne formèrent plus alors qu’un jeune prince à la mine héroïque, portant un seul et même corps. 717.

» Et la vigueur manqua à la Rakshasi, les yeux épanouis d’étonnement, pour soutenir ce jeune garçon fait avec la force du diamant. 718.

» L’enfant de lui décharger un coup de son poing, qui semblait une boule de cuivre même, et, dans sa vive colère, de pousser un cri tel que le bruit de la nuée, grosse de pluies orageuses. 719.

» Émus à cette clameur, les gens du gynœcée et le monarque avec eux sortent précipitamment, tigre des hommes, épouvantable aux ennemis. 720.

» Les deux mères, flétries par l’accouchement, les seins remplis de lait, mais ayant perdu l’espérance d’en nourrir un fils, sortent elles-mêmes en grande hâte. 721,

» Quand la Rakshasi les vit dans une telle condition et