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ADI-PARVA.

même, et je ne puis les abandonner ! Mon cœur est bouleversé comme par la tempête. 8369.

» Qui abandonnerai-je de mes fils ? ou qui emporterai-je avec moi dans ma fuite ? Que ferai-je dans ce qui est à faire ? Ou quel est votre avis, mes enfants ? 8370.

» En vain je pense aux moyens de vous sauver, je n’en trouve aucun nulle part : eh bien ! je vous couvrirai de mon corps, et je mourrai du moins avec vous ! 8371.

» Cette famille est fondée par le droit d’aînesse sur Djaritâri ; que Sârisrikwa, incrément de la race de nos ayeux, engendre des fils ; que Stambamitra se voue à la pénitence, et que Drona soit le plus savant des hommes instruits dans les Védas ? » C’est après de telles paroles que votre père jadis nous a quittés sans pitié. 8372-8373.

» Avec qui pourrais-je m’en aller, l’emportant avec moi, accablée de la plus cruelle infortune ? Que ferai-je qui soit ce qui est à faire ? » C’est ainsi quelle parlait dans son trouble ; mais elle n’entrevit pas avec l’œil de son intelligence le moyen de sauver ses enfants de l’incendie.

À ces mots les huppes de répondre à leur mère : « Dépose ton amour et vole, mère, là où le feu n’est pas.

» Nous morts, tu auras de nouveaux enfants ; mais, si tu péris, avec toi meurent toutes les générations à venir de ta race. 8374-8375-8376.

» Considère l’une et l’autre chose, mère, et pense que, pour faire ce qui doit amener le bien de notre famille, il n’est rien de mieux que l’instant présent. 8376-8377.

» Ne force pas ton amour à s’égarer jusque sur nos fils. C’est en effet de cette manière que, dans son aspiration aux mondes supérieurs, l’œuvre de notre père, aura pu atteindre son but. »