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ADI-PARVA.

» Ce brahme, le plus vertueux des anachorètes et le premier des êtres intelligents, ne tourna point sa pensée à l’extermination du fils de Kouçika : il n’eut pas une autre idée que de renoncer lui-même à la vie. 6739.

» Le vénérable saint se précipita de la cîme du Mérou ; mais il tomba sur le roc de la montagne comme sur un tas de coton. 6740.

» Alors qu’il n’eut pas trouvé la mort dans cette chute, rejeton de Pândou, le révérend monta sur un bûcher allumé dans la grande forêt. 6741.

» Mais le feu le plus ardent ne le brûla pas, destructeur des ennemis, et ces flammes allumées étaient imprégnées de fraîcheur. 6742.

» Ensuite ; le grand anachorète, pénétré de chagrin, vit la mer devant lui ; il attacha une lourde pierre à son cou et se jeta au milieu des ondes. 6743.

» Mais la mer avec des flots empressés déposa le grand ascète, sur le rivage ; et, fatigué de ses vaines tentatives, il s’en revint à son hermitage. 6744.

» À la vue de cette pieuse retraite, veuve de ses fils, le solitaire, saisi de la plus cruelle douleur, sortit encore une fois de son hermitage. 6745.

» Il vit un fleuve, qui, rempli de nouvelles eaux par la saison pluvieuse, emportait, fils de Prithâ, beaucoup d’arbres en toutes les sortes nés sur ses rivages. 6746.

» À cette vue, le chagrin, dont il était pénétré, le ramena à ses pensées de suicide, et il se dit, rejeton de Kourou : « Il faut me jeter dans cette eau ! » 6747.

» Alors, il se lia fortement avec des cordes et, dans son désespoir, le saint anachorète se plongea dans les eaux de ce grand fleuve. 6748.