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ADI-PARVA.

» Ayant pénétré dans une forêt, il y fut rencontré par un certain brahme, qui, pressé par la faim, lui demanda quelque viande à manger. 6719.

» Le saint roi dit au deux fois né, qui endurait par pénitence les feux du soleil : « Assieds-toi, brahme, et attendsmoi ici un instant ! 6720.

» Je te donnerai de la nourriture à mon retour, suivant tes désirs. » Le roi partit à ces mots et l’excellent brahme resta là. 6721.

» Quand le magnanime roi se fut promené à son gré, où le portait sa fantaisie, il s’en revint à son palais et, fils de Prithâ, il entra dans son gynœcée. 6722.

» Au milieu de la nuit, le roi se souvint de la promesse, qu’il avait faite au brahme ; il se leva, fit venir à la hâte son cuisinier, et lui dit : 6723.

« Va en telle forêt ; un brahme m’y attend : il a besoin de manger ; donne-lui des aliments et de la viande. »

» À ces mots le cuisinier s’en va et, n’ayant trouvé de viande nulle part, il revient tristement annoncer cette nouvelle à son maître. 6724-6725.

» Le roi, possédé du Rakshasa, dit plusieurs fois, sans nulle émotion, au cuisinier : « Eh bien ! donne-lui à manger de la chair humaine ! » 6726.

« Soit ! » répondit le maître-queux. Il s’en alla vite au lieu, où se tenaient ceux, qui exécutent les condamnés à mort, et prit là hardiment de la chair humaine. 6727.

» Il se hâte d’apprêter suivant l’art cette nourriture supposée, et la donne au brahme pénitent, que tourmente la faim. 6728.

» À la vue de ce mets, qu’il regarde avec son œil d’as-