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ADI-PARVA.

belle queue velue, aux oreilles en fer de lance, aux cornes charmantes, portant les outres de ses mamelles gonflées. 6661-6662.

» Après qu’il eut congratulé Nandini, le roi fils de Gadhi tint alors, tout enchanté, sire, ce langage au rishi : 6663.

« Donne-moi Nandini pour cent millions de vaches, brahme, ou même pour mon royaume entier : jouis de mon royaume, grand anachorète ! » 6664.

« Nandini, cette vache bonne laitière, m’a été donnée, répondit Vaçishtha, pour me fournir les chosesdu sacrifice, traiter mes hôtes, honorer les Dieux et les mânes de mes ancêtres. Je ne puis te la donner, irréprochable monarque, au prix même de ton royaume. 6665.

» Je suis un kshatrya ; et ta sainteté, reprit Viçvâniilra, est un brahme, de qui la perfection est dans la pénitence et la récitation des Védas. Que servirait la force aux brahmes, ces êtres placides aux âmes constantes ? 6666.

Sache, toi, qui ne veux pas me donner Nandini pour cent millions de vaches, que je n’abandonnerai pas le caractère de macaste, et que je vais enlever de force ta vache ! »

« Tu es un roi puissant, répondit Vaçishtha ; le kshatrya a bras et courage : fais donc promptement ce que tu as envie de faire ; ne balance pas ! » 6667-6668.

» Excité par ces mots, fils de Prithâ, Viçvâmitra d’enlever comme de force la vache semblable à un cygne ou à l’astre des nuits. 6669.

» En la chassant avec le fouet ou le bâton, en la poussant d’ici et de là, contrainte à marcher, la noble Nandini vint se mettre en face de Vaçishtha, se tint la tête levée sur le révérend et, malgré les coups, ne sortit pas de l’hermitage. 6670-6671.