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ADI-PARVA.

voix aux syllabes oppressées et l’âme toute enveloppée par le feu de l’amour, à cette jeune fille aux yeux noirs :

« Allons, noble dame aux yeux noirs ! aime-moi, comme je t’aime, moi, que l’amour consume ; car le souffle de la vie m’abandonne. 6565-6566.

» À cause de toi, vierge aux grands yeux, aussi brillante que la corolle du lotus, l’amour ne cesse de me percer avec ses flèches aiguës. 6567.

» Accueille, noble fille au charmant visage, aux lombes vastes et potelés, accueille la prière d’un homme, que mordit en silence le grand serpent de l’amour. 6568.

» Ma vie dépend de toi, femme au parler semblable au chant des Kinnaras, au visage pareil à la lune ou au lotus, aux membres tous beaux et d’un modelé parfait.

» Car la vie, fille craintive, m’est, certes ! une chose impossible, tant ce cruel Amour, vierge aux yeux couleur des pétales du lotus bleu, m’accable de ses traits ! 6569-6570.

» Étends donc sur moi ta compassion, demoiselle aux grands yeux ; ne veuille pas m’abandonner, moi, qui t’aime, demoiselle aux yeux noirs. 6571.

» Daigne me guérir avec le remède de ton affection, noble dame ; car l’amour, que ta vue m’inspire, agite mon âme d’un violent frisson. 6572.

» Depuis que je t’ai vue, éminente vierge, je n’ai plus aucune envie de voir quelque autre femme. Exauce ma prière, je suis ton esclave : réponds à mon amour. 6573.

» À ta vue, jouvencelle au corps suave, à la jolie taille, aux grands yeux, l’amour m’a tué on me perçant de trois flèches. 6574.

» Adoucis avec des ondes, auxquelles se mêle intime-