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dans ce roi, qu’elle tenait embrassé, Mâdrî de jeter mainte et mainte fois les cris désespérés, que lui arrachait sa douleur. 4877-4878.

Aussitôt Kountî avec ses fils et les deux fils de Pândou, enfants de Màdrî, accourent tous ensemble à ce lieu, où gisait le roi sans vie. 4879.

En ce moment, sire, Mâdrî éplorée dit ces mots à Kountî : « Viens seule ici ! Que les enfants s’arrêtent là ! » 4880.

Celle-ci, à ces mots, fit rester les enfants où ils étaient et se précipita vers elle, en s’écriant : « Hélas ! je suis morte ! » 4881.

Quand elle vit Pândou et Mâdrî couchés sur le sol de la terre, Kountî, la tristesse enveloppant tous ses membres, gémit dans la plus profonde affliction : 4882.

« Ce héros, sur lequel je veillais sans cesse et qui savait toujours se contenir, comment a-t-il pu vouloir s’unir à toi, connaissant la malédiction jetée sur lui par l’habitant des bois ! 4883.

» Est-ce que tu ne devais pas veiller aussi, toi, Mâdrî, sur le roi ! Comment as-tu pu dans ce lieu solitaire exciter les désirs de notre époux ! 4884.

» Comment ce monarque toujours impuissant, alors qu’il t’eut rencontrée dans ce lieu solitaire, a-t-il pu t’embrasser et concevoir ce désir[1], ne songeant plus à sa malédiction ? 4885.

» Tu es heureuse, fille du Balkhan, et plus fortunée

  1. PRAHARSHA, erectio. Nous donnons cette traduction littérale du mot comme un exemple, à noter dans cette douleur auguste et sérieuse, que la pudeur tient, non pas à la lettre, mais à l’esprit. Aux imaginations gâtées, la pudeur des mots !