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grand que l’un et l’autre ; mais la vérité, jamais ! 4160.

» La terre abandonnerait l’odeur et les eaux la saveur, inhérentes à leur substance : la lumière abandonnerait la forme et lèvent la faculté de sentir les choses palpables.

» Le soleil abdiquerait sa clarté et le feu sa chaleur, l’air cesserait d’être le véhicule du son et la lune renoncerait à ses rayons froids ; 4161-4162.

» Indra quitterait sa vaillance et le Dieu des morts sa justice, avant que je pusse me résoudre jamais à me séparer de la vérité ! » 4163.

À ces paroles, que son fils avait prononcées avec la chaleur d’une immense énergie, Satyavatî, sa mère, fit immédiatement cette réponse à Bhîshma : 4164.

« Ô toi, qui possèdes la force de la vérité, je connais ta constance inébranlable dans la vérité, ô toi, qui, ne désirant pas moins que les trois mondes, en as fait le sacrifice par ta fermeté. 4165.

» La promesse, que tu as faite pour m’obtenir de mon père, est une vérité, je le sais ; mais considère que l’infortune a des devoirs, et veuille porter le joug, que t’imposent tes aïeux. 4166.

» Agis de telle sorte, fléau des ennemis, que le fil de notre famille ne soit pas brisé, que le devoir subsiste et que tes amis soient heureux. » 4167.

Bhîshma répondit en ces termes à la veuve ainsi malheureuse, se désolant, regrettant son fils et entraînée hors du devoir : 4168.

« Reine, fixe tes yeux sur le devoir, et n’attire pas la mort sur nous tous ; on ne loue pas dans les vertus du kshatrya la chûte de la vérité. 4169.

» Je te dirai ceci : autant le devoir du kshatrya sera im-