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» De qui reçoit-il ce qui différencie les corps, la taille, les yeux, les oreilles, et le discernement ? Réponds à ma demande sur toutes ces choses suivant la vérité : car nous te regardons tous comme un savant, mon père. » 3612.

« Le vent, répondit Yayâti, élève aux temps des règles la semence, imprégnée du suc des fleurs jusqu’à la matrice, où le fœtus est conçu : là, exerçant sa puissance sur la matière, il augmente peu à peu l’embryon. 3613.

» Ensuite, l’homme, venant au monde et son corps à peine formé, met déjà son intelligence en œuvre, perçoit les sons avec ses oreilles, distingue les formes avec ses yeux, 3614.

» Les odeurs avec ses narines, les saveurs avec sa langue, les choses palpables avec les nerfs de sa peau, et affirme sa propre existence par toute son âme. C’est ainsi, sache-le, Ashtaka, que le magnanime créateur a disposé les choses ici-bas dans le corps des êtres animés. » 3615.

« L’homme une fois mort, reprit Ashtaka, est, ou brûlé, ou enterré, ou embaumé. Après qu’il a rendu le dernier soupir et qu’il n’existe plus, avec quelle âme forme-t-il ses pensées comme avant sa mort ? » 3616.

« L’homme, de qui la vie s’est exhalé dans un dernier souffle, portant devant lui ses bonnes et ses mauvaises actions, répondit Yayâti, le vent par derrière le pousse du corps, qu’il a déserté, lion des rois, dans une autre matrice. 3617,

» Les gens de bien passent dans une noble, les pécheurs dans une vile matrice ; ceux-ci deviennent des insectes ou des oiseaux ; je n’ai aucune envie, prince à la haute dignité, d’en parler davantage. 3618.

» Liés à de tels changements et devenus embryons, ils