Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/401

Cette page a été validée par deux contributeurs.

» L’homme exempt de colère est plus distingué que l’homme irascible, le patient que l’emporté ; les hommes sont les chefs des brutes et le savant a la prééminence sur l’ignorant. 3556.

» Jamais l’indignation de l’homme patient insulté ne répond à l’invective par l’invective même. Sa vertu suffit pour fendre et consumer l’insulteur. 3557.

» Son langage ne sera point amer, ni ses paroles inhumaines, il n’arrachera pas au faible son trésor, il ne dira pas de ces mots funestes, empreints de péché, qui jettent le trouble au cœur d’un autre. 3558.

» L’homme aux paroles aiguës, dures, vénimeuses, qui blesse les autres avec les épines de sa voix, est le plus misérable des êtres et porte l’infortune, que ta majesté le sache bien, attachée à sa bouche. 3559.

» Que les hommes de bien honorent ta majesté par-devant, que les hommes de bien la protègent par derrière ; qu’elle supporte la censure des méchants ; et que, distinguée par une conduite noble, elle prenne ses modèles chez les hommes de bien. 3560.

» Les flèches de la parole sortent de la bouche et tombent dans le cœur d’autrui : celui, qui en est blessé, gémit le jour et la nuit. Que le sage ne lance donc pas sur les autres ces dards acérés ! 3561.

» Il n’existe pas dans les trois mondes une association égale à celle-ci : la compassion, l’amitié, la charité pour tous les êtres, l’affabilité de la parole. 3562.

» Il faut user toujours d’une parole obligeante et douce, jamais d’un langage amer et dur. Que ta majesté honore donc ceux, qui méritent son respect ; qu’elle donne toujours et ne demande jamais. » 3563.