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« Takshaka, roi des serpents, lui répondit Indra, bien satisfait, tu n’as rien absolument à craindre de ce grand sacrifice des serpents. 2056.

» J’ai prié jadis Brahma pour toi : il n’y a en cela aucun danger pour ta personne ; chasse donc le souci de ton cœur. » 2057.

Le roi des serpents, ainsi rassuré par lui, reprit le Soûtide, habita dans le palais d’Indra au milieu du bonheur et des plaisirs. 2058.

Voyant les serpents tomber sans cesse au milieu du feu, Vàsouki, de qui la cour était déjà réduite à bien petit nombre, vivement affligé, était consumé de chagrins.

Un effroyable découragement s’était emparé de Vâsouki, le plus grand des reptiles, et, dans le trouble de son esprit, il tint ce discours à sa sœur : 2059—2060.

« Je roule du feu dans mes veines, noble dame ; les plages du ciel ont disparu à mes yeux, je m’affaisse dans la défaillance et mon âme chancelle. 2061.

» Mes yeux sont hagards, mon cœur est horriblement déchiré ; je vais tomber fatalement aujourd’hui même dans ce feu allumé. 2062.

» Le fils de Parîkshit célèbre ce sacrifice avec le désir de nous exterminer : évidemment, il me faut aller moi-même dans le palais du roi des morts. 2063.

« Le voici arrivé, ma sœur, ce jour, en vue duquel je t’ai donnée à Djaratkârou ! Sauve-nous avec nos proches. 2064.

» Astika, noble serpente, c’est Brahma lui-même, qui me l’a dit autrefois, Astika doit arrêter le sacrifice, qu’on célèbre à cette heure. 2065.

» Parle donc, afin qu’il me sauve, moi et ma cour, parle.