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» Je suis Djaratkârou, le fils pécheur de vos saintetés. Infligez-moi un châtiment, à moi, le misérable insensé ! »

« Oh ! quel bonheur, mon fils, répondirent ses pères, que tu sois venu de toi-même en ces lieux ! Pour quel motif, brahme, n’as-tu pas encore fait le choix d’une épouse ? » 1848-1849.

« C’est parce que cette pensée, reprit-il, ne cesse d’assiéger mon cœur : « Si je garde la continence, j’obtiendrai un corps dans l’autre monde. 1850.

» Ainsi, je ne prendrai pas d’épouse. » Cette idée avait rempli mon âme. Mais, aujourd’hui que j’ai vu ici vos révérences suspendues comme des oiseaux, 1851.

» Je renonce à ma résolution de continence : je ferai ce qui vous est agréable, mes pères ; j’épouserai une femme, sans répugnance, n’en doutez pas. 1852.

» Si je rencontre un jour une jeune fille quelconque du même nom que moi, offerte librement comme une aumône, 1853.

» Je la recevrai ; mais je ne veux pas la nourrir. Si je contracte un mariage, ce n’est qu’à ces conditions. 1854.

» Autrement, je n’épouserai pas : cette parole est une vérité, mes pères. De là, il naîtra un fils pour le salut de Vos révérences. Puissent mes pères vivre sans fin ! à jamais ! » 1855.

Quand il eut ainsi parlé à ses aïeux, reprit le Soûtide, l’anachorète se mit à parcourir la terre ; mais, fils de Çaunaka, il n’obtint nulle part une épouse : « Il est vieux ! » disait-on. 1856.

Tombé dans le découragement, mais poussé de nouveau par ses pères, il entra dans un bois et se mit à crier, plein d’une amère tristesse. 1857.