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Le grand végétal consumé, le serpent de répéter à Kaçyapa : « Déploie tes efforts, ô le meilleur des brahmes, et rends à la vie ce roi des forêts ! » 1771.

Le feu du poison, reprit le Soûtide, avait réduit tout l’arbre en cendres et Kâçyapa, les ayant recueillies entièrement, tint alors ce langage : 1772.

« Roi des serpents, que cet arbre maintenant te prouve mon pouvoir et ma science ! je vais lui rendre la vie à ta vue même, reptile ! » 1773.

Ensuite le vénérable, le docte, le plus vertueux des brahmanes, Kaçyapa rendit la vie par la science à cet arbre, qui n’était plus qu’un monceau de cendres. 1774.

Il fit de lui d’abord un simple rejeton avec deux cotylédones ; ensuite un arbre avec toutes ses branches et ses feuilles. 1775.

À l’aspect de cet arbre, que le magnanime anachorète avait ressuscité : « Brahme, lui dit Takshaka, ce fait n’a rien de très-merveilleux en toi ! 1776.

» Il est tout simple, Indra des brahmanes, que tu détruises, ou mon poison, ou le venin d’un autre, mon semblable. Mais, homme riche de pénitences, quelles sont les choses, dont le désir te conduit aux lieux, où tu vas ? »

» Je puis moi-même te donner la récompense, du plus haut prix qu’elle soit, dont l’espérance te fait aller vers ce plus grand des rois. 1777-1778.

» Ce monarque est accablé sous la malédiction du brahmane et sous le poids de la vieillesse : le succès de ton voyage, brahme, est ainsi fort douteux. 1779.

» De-là ton éclatante renommée, célèbre dans les trois mondes, subira une éclipse, comme le soleil, quand il a perdu ses rayons. » 1780.