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« Qu’ont fait, demanda Çâaunaka, les serpents vigoureux, inabordables, dont tu viens de parler, mon fils, après qu’ils eurent connu leur malédiction ? » 1566.

« Parmi ceux-ci, l’auguste Çésha à la vaste renommée, reprit le Soûtide, abandonnant Kadroû, se voua à une terrible pénitence, vivant d’air seulement et rigide dans ses observances. 1567.

Lui, qui trouvait son plaisir au milieu des macérations, il se retira dans le Gandhamâdana, sur les bords de la Vadari, dans la forêt de Gokarna aux étangs de lotus, sur les flancs de l’Himâlaya. 1568.

Menant une vie solitaire, visitant tour à tour les tirthas limpides et les saints autels, il comprimait sans relâche ses organes et tenait vaincus ses sens. 1669.

Brahma le vit, souffrant une horrible pénitence, la chair, les veines, la peau desséchées, tel enfin qu’un anachorète vêtu d’écorce et les cheveux noués en gerbe. 1570.

Le suprême aïeul des mondes le vit se consumer avec la constance de la vérité, et lui dit : « Que fais-tu, Çésha ? Travaille au bonheur des créatures ! 1571.

» Car elles sont, pieux serpent, tourmentées de ton atroce pénitence. Dis-moi, Çésha : quel dessein couvres-tu dans ton cœur ! » — « Mes frères germains, lui répondit Çésha, sont tous des insensés : je ne puis habiter avec eux. Que ta divinité veuille bien ne pas condamner cette pensée. 1572.

» Ils se jettent de l’un à l’autre l’injure comme des ennemis. Alors j’ai embrassé la pénitence : « Que je ne les voie plus ! » me suis-je dit. 1573.

» Ils ne peuvent supporter un seul instant, ni leurs frères consanguins, ni Vinatâ. Nous avons un second frère,