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» Le père a donné son illustre fille à Bhrigou ; il ne te l’a point donnée, Démon à la vaste renommée, par cupidité et pour s’enrichir d’un présent de noces. 890.

» Ensuite, Dânava, l’anachorète Bhrigou la reçut devant mon brasier allumé, en suivant les prescriptions et conformément aux règles enseignées par les Védas. 891.

» C’est elle-même ! je le sais ; je ne puis dire une chose, qui n’est pas vraie, car la vérité est toujours honorée dans le monde, ô le plus grand des Dânavas. » 892.

À ces mots d’Agni, le Démon, prenant la forme d’un sanglier, emporta cette femme, ô Brahmane, avec la rapidité du vent ou de la pensée. 893.

Alors, l’indignation de la mère fit tomber le fruit, qui habitait encore dans son sein ; et l’enfant reçut de ce fait, rejeton de Bhrigou, le nom de Tchyavana, c’est-à-dire, le tombé. 894.

À l’aspect de cet embryon, échappé au giron de sa mère, le Rakshasa, abandonnant sa proie, tomba lui-même réduit en cendres. 895.

La charmante Poulomâ, noble Bhargavain, prit ce Tchyavana, fils de Bhrigou et s’en revint, délirante de chagrin. 896.

Brahma lui-même, l’aïeul de tous les mondes, vit la vertueuse épouse de Bhrigou éplorée et ses yeux noyés de larmes. 897.

Brahma, le vénérable ancêtre de toutes les créatures, lui fit entendre ses consolations. L’épouse du pénitent Bhrigou avait donné, par les gouttes mêmes de ses pleurs, naissance à un grand fleuve, coulant tout le long de sa route. Quand il vit ce courant d’eau suivre son chemin vers l’hermitage de son époux, l’auguste aïeul des mondes lui