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impur, d’opposer une imprécation à la mienne : fais donc apporter cet aliment sous tes yeux ! » Et le monarque, ayant vu que le mets était impur, en fit disparaître ce qui causait l’impureté. 777.

Ensuite, lui étant venue cette pensée : « Une femme l’a préparé sans doute, ayant ses cheveux déliés ; c’est pour cela qu’un cheveu tombé rendit impur cet aliment froid ; » il se mit à supplier l’anachorète Outanka. 778.

« Révérend, c’est par ignorance que ce mets te fut présenté froid avec un cheveu ; agrées-en mes excuses : fais que je ne devienne pas aveugle. » Outanka lui répondit : « Ma parole n’est jamais vaine : tu seras aveugle ; mais, peu de temps après, tu recouvreras la vue. Révoque aussi la malédiction, que ta majesté a lancée contre moi.» 779-780.

« Et moi, non plus, reprit Pâaushya, je ne puis révoquer mon imprécation. Ma colère n’est pas encore éteinte à cet instant même. Est-ce que ta sainteté ignore cet adage : « Le cœur du brahme est tendre comme le beurre frais ; et, dans sa parole, est un poignard aigu au tranchant acéré ; mais, dans le kshatrya, ces deux choses sont à l’inverse ; sa parole est comme le beurre frais et son cœur est une lame acérée. » 781-782.

» Puisque les caractères sont ainsi, je ne puis changer mon imprécation ; va-t-en ! » Outanka lui répondit : « Quand j’eus remarqué la condition impure du mets, tu m’as jeté un démenti, et tu m’as dit : 783.

« Parce que tu incrimines ce mets, qui est sans défaut, tu deviendras aveugle ! » Cependant il était impur, ce mets : donc, ta malédiction contre moi n’obtiendra pas son effet. 784.

« Restons-en là ! » Ces mots dits, Outanka partit, em-