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comme sont celles, d’une sphere, d’un Cube e. c. : Au lieu, dit-on, que ces petites parties ont autant d’inégalitez, que les differens corps que l’on trouve x ordinairemlë sur la Terre. Neanmoins, si l’on fait reflexion, combien la Nature est excellent Geometre, dans ses Productions generales, par exemple, dans les Figures si geometriques et si composées de sels de plusieurs sortes, des Crystaux, de la Neige e. c. ; il paroit fort vraisemblable que ce sont des Figures assez geometriques, dans les plus petites Particules des corps, et dans les plus grosses particules qui s’en composent qui servent de fondement à cette regularité. Et cette reflexion, avec l’extreme Rareté des corps terrestres et la Proportion qui s’observe entre leur Masse et leur poids, peut servir d’entrée à la Recherche des Figures differentes, que peuvent avoir, ces particules. Les Geometres, qui reussiront mieux en cette Recherche, sont ceux qui ont mieux observé les Corps Terrestres, et qui en ont fait un plus grand Nombre d’Experiences, surtout de celles, ou l’on fait operer entre eux des Corps fort simples, et qui tiennent de la Nature des Premiers Elemens de l’Univers, soit par leur Mélange seulement, soit en y ajoutant encore la Chaleur, pour en produire un nouveau Composé, d’une Nature singuliere.

Les Proprietez de la Lumiere et des Couleurs, pourront encore étre ici de quelque Secours. Car quoi, qu’on ne puisse rien voir de plus beau, que la Théorie de la Lumiere que Mr. Hugens nous à donnée ; cependant il y a des Raisons trez fortes, qui me portent à penser, que la lumiere consiste en des Corpuscules, qui viennent immediatemet du Soleil jusques à nous. Or ces Corpuscules dont la Vitesse n’est qu’environ 600 000 fois plus grande que celle du Son et dont la Petitesse est telle, qu’ils sont capables de traverser assez librement, en Lignes droites, une grande Epaisseur de Crystal, d’Eau, de Verre, e. c. font des Efets surprenans, quand on les rassemble, en quelque Quantité, avec un excellent Miroir concave. Par exemple, ils fondent et Vitrefient les Métaux, et les autres Mineraux, en trez peu de Secondes de Tems. Ce qui demander qu’ils aient une grosseur et une solidité, proportionnées à des Efets si considerables. Et cela d’autant plus que ces Corps qu’ils fondent, ainsi seront supposés plus solides. Mais d’un autre coté, les Raions de Lumiere ne à sauroient traverser le Crystal et le Verre en Lignes droites, indifferemt en tous sens, à moins que ces Corps ne soient extrement poreux.

Et il faut non seulement, que, dans le Verre, il y ait incomparablement plus de Pores, que de Plein : mais encore que les Particules et les Molecules dont s le Verre est composé, aient des Pores ouverts, pour donner un Passage trez libre aux Raions. Ce qui exclut les Structures, ou ces Particules sont supposées étre chacune comme un Rezeau spherique ou Spheroidique e. c., tissu par un Nombre immense de côtez. Car une telle Structure rend les Particules impenetrables à tous Corps, qui ne sont pas d’une petitesse beaucoup au dessus de celle, que semblent avoir les Parties de la Lumiere. Ou bien, s’il on pense avoir d’ailleurs des Raisons suffisantes, pour admettre cette Structure des