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JEAN-PAUL

À leur retour, nos deux copains s’arrêtèrent au bureau de poste. Gaston, après avoir dûment constaté qu’il n’y avait dans la pièce aucune personne compromettante, tira sa clef, ouvrit le casier : une lettre en effet. Jean-Paul s’en saisit, comptant bien que c’était à lui : « Hein ! qu’est-ce ? ma lettre ! » s’exclama-t-il. Il regarda attentivement ; l’enveloppe portait écrit en biais le mot « Inconnu ». Gaston, à son tour, y alla de sa surprise et parut fort embarrassé. Il prit la lettre de ses mains nerveuses, la tourna et la retourna en balbutiant des mots inintelligibles. Enfin il dit : « Tiens !… Mais… ah oui ! ils sont déménagés, au mois d’octobre, c’est ça… ils sont déménagés… »

— Alors ? Mais je ne comprends pas, elle aurait dû m’envoyer sa nouvelle adresse, reprit Jean-Paul. Et la boîte de chocolats ?… Enfin les gens qui demeurent là doivent savoir où sont allés les anciens locataires.

— Ah bien ! mon petit, Montréal puis Saint-Raphaël, ça fait deux ! En ville, les voisins ne se connaissent même pas.

Ils revinrent au Séminaire. Gaston ne parlait pas ; Jean-Paul était songeur. En arrivant, Gaston prétexta nombre de choses à régler et s’excusa. Jean-Paul descendit dans la cour. Il n’avait pas l’esprit au jeu ; il alla s’asseoir seul sur un banc isolé, près de la rivière.