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JEAN-PAUL

À onze heures, deux voitures s’annoncèrent : le bagage et les victuailles. Une couple d’élèves coururent au-devant et montèrent sur un cheval ; Jean-Paul s’assit sur le sommet du collier, et tout l’équipage entra triomphalement sur le terrain avec un panache de beaux gars en liesse. Des visiteurs arrivèrent. Plusieurs professeurs ne pouvaient manquer de témoigner leur sympathie au corps de musique. « Le Père Beauchamp n’y est pas ? » demanda Jean-Paul. Il avait l’impression d’une plus grande sécurité quand son directeur était là. Quelqu’un déclara que le Père Beauchamp était absent, parti ce matin pour Montréal.

« À table ! à table, tout le monde ! » cria Barrette, entre deux coups de sifflet. On offrit la présidence au Père Fontaine, parce qu’il était le plus âgé, et aussi en sa qualité de professeur de mathématiques, science très voisine de la musique, expliqua un savant. Les invités prirent place, et les élèves se groupèrent autour d’eux. On apporta un immense pot de grès contenant les traditionnelles fèves au lard, les « beans », puisqu’il faut les appeler par leur nom. Lorsqu’on leva le couvercle, un fumet fort appétissant alla caresser toutes les narines qui tressaillirent de joie.

Le Père Fontaine réclama le silence : « Quand je faisais le catéchisme, dit-il, j’avais demandé à un petit garçon : Qu’est-ce qu’on dit avant de manger ? Pas de réponse. Voyons,