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JEAN-PAUL

La prière n’était pas superflue, car le temps menaçait. Une brume assez dense flottait sur les toits. Pleuvrait-il ?

Le Père Dubuc, directeur de la fanfare, interrogea le baromètre et les experts. De l’avis des connaisseurs, il vaudrait mieux attendre. Mais les élèves réclamaient : « Un pique-nique remis, c’est comme un congé « salé ». Jean-Paul surtout montrait une ardeur extraordinaire. Le déjeuner se passa dans l’impatience et l’inquiétude.

Heureusement, au sortir du réfectoire, on constata que la brume disparaissait. Quelques pâles rayons de soleil parvenaient à faire reluire les gouttelettes de rosée sur les feuilles nouvelles. « On y va ! on y va ! » crièrent les intéressés, en courant vers la salle de musique : « Il fait beau, venez voir, mon Père ! » On traîna le Père Dubuc sur le perron, pour consulter les augures. Impossible de résister ! il consentit.

Bien avant huit heures et trente, moment fixé pour le départ, les musiciens avaient pris leurs instruments et s’étaient postés au coin de la maison. Des notes d’altos, des éclats de trombones, des ronflements de contrebasses, des battements de tambours, tous les frémissements d’une fanfare impatiente de partir et de jouer, résonnaient sans cesse. On trépignait. Enfin, le Père Dubuc, après avoir terminé l’organisation, rejoi-