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JEAN-PAUL

tréteaux, s’était transformée en amphithéâtre. Le mercredi soir, trois mai, dans une salle archicomble, le rideau se leva, laissant apercevoir l’intérieur du château de Montblois. Les jeunes artistes firent honneur à leur maison et à leurs maîtres. Ils interprétèrent magnifiquement la belle leçon de grandeur et d’héroïsme qui se dégage de la tragédie de Bornier.

Gérald s’attira les plus chaleureux applaudissements, moins peut-être par la perfection de son jeu que par la sincérité de son accent, l’éclat de son ardeur juvénile. Ce cher enfant avait bien une tristesse dans l’âme : sa mère, qui devait venir, écrivait, le jour même de la représentation, qu’elle se sentait un peu fatiguée et trop mal en train pour faire le voyage.

Le lendemain, grand congé. Plus de la moitié des élèves reçurent leurs parents. La cour était presque vide. On y remarquait surtout des anciens errant çà et là, heureux de rappeler leurs prouesses passées, et confessant, sans remords, quelques fredaines innocentes dont ils s’amusaient. Les acteurs d’hier circulaient à travers leurs camarades, un peu glorieux des regards qu’on leur jetait, et des félicitations qu’on leur répétait. Mais déjà la mélancolie, qui suit d’ordinaire ces jours de gloire, embrumait leurs cœurs.

Roland et Jean-Paul se promenèrent longtemps dans l’allée qui longe la rivière. Ils ne se lassaient pas de récapituler chaque détail de la