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Chapitre XIV

TOUTE SON ÂME

Les élèves avaient quitté le Collège de bon matin. En montant à sa chambre, après un déjeuner un peu lent, le Père Beauchamp entra à son bureau. Au bas de la porte, il aperçut, dissimulé dans l’embrasure, un colis bien enveloppé. Il le ramassa et l’ouvrit : un gros cahier à couverture de toile grise. Une carte glissa. Il la saisit : « Jean-Paul » ; sur l’autre côté, il lut : « Toute mon âme. »

Le Père savait que son cher pénitent rédigeait un journal et lui avait naguère exprimé le désir de le voir. Jean-Paul avait d’abord hésité. Enfin il s’y était résolu avant le départ, aimant mieux d’ailleurs être absent pendant qu’on lirait ses confidences. Le Père n’avait pas le temps de se mettre aussitôt à la lecture de ce précieux document ; il ne put toutefois résister à la tentation de le feuilleter. La première page portait en grosses lettres : « Journal strictement personnel ». Et, sur le bas, il remarqua, en lettres non moins menaçantes, un anathème qui le fit frémir et sourire : « Malheur à celui qui poussera l’indiscré-