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JEAN-PAUL

Père Beauchamp. « Il y a eu du Conseil ? » Le Père Beauchamp, sans répondre, lui fait signe de venir chez lui. Une fois entré :

— Gaston Gervais quitte le Collège. On ne vous a pas demandé au Conseil, attendu que vous êtes son confesseur.

Le Père Fontaine demeura stupéfait. Alors il se mit à arpenter la chambre en diagonale. « Voilà ! voilà un succès en éducation ! » commença-t-il par grommeler. Après quelques tours d’un pas nerveux, il s’arrêta face au bureau derrière lequel s’était assis son confrère :

— Voulez-vous me dire comment nous aboutissons ainsi à un pareil échec avec un élève ? Entre nous, Gaston Gervais n’est pas un imbécile. Peut-être s’est-il un peu fourvoyé dans un cours classique ; mais enfin, il pouvait réussir avec un travail moyen. Il a une certaine personnalité ; il ne manque pas d’initiative ; et surtout il possède quelques éléments d’un chef. Tout le défaut réside en sa formation morale. Eh bien ! à qui la faute ?

— Je ne me charge pas de distribuer les responsabilités. Mais le mal vient de ce que nous n’avons pas exercé d’action directe et personnelle sur cet enfant.

— De bons conseils, vous voulez dire ? Mais le Père Supérieur leur en donne tous les soirs ! Et nous donc ? Se passe-t-il une classe sans que nous ayons l’occasion de leur dire un bon mot ?