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Chapitre XII

LE « DIABLE » AU DORTOIR

Au dortoir, ce soir-là, tout se passa comme à l’ordinaire. Tranquillement les surveillants faisaient les cents pas dans les allées, en attendant que les élèves se couchent. Le premier maître récita la prière qu’il termina par le traditionnel : « In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum. » Les lampes s’éteignirent, excepté la petite veilleuse du centre qui reste allumée toute la nuit. Pendant quelques minutes encore, on entendit les pas feutrés d’un surveillant qui glissait entre les rangées de lits, avant d’entrer dans sa cellule. Une atmosphère de paix et de repos remplissait la pièce immense.

Voilà que vers onze heures, deux ou trois élèves chuchotent dans un coin. Le plus hardi se lève, et, l’œil au guet, prêtant l’oreille, marche à pas de loup jusqu’auprès de la porte. Là, il ferme le courant de l’électricité, éteint la veilleuse, arrache la manette du commutateur général ; et, en une course folle, il retourne se jeter dans son lit. Des rires étouffés applaudissent ce premier