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JEAN-PAUL

leurs parents. Tous portaient l’uniforme traditionnel : redingote noire avec ceinture de laine verte bouclant sur la hanche gauche.

Une dame grande et digne, vêtue de deuil, passa et entra dans le parloir, madame Léon Forest, de Saint-Raphaël. En abordant son fils Edmond, elle dit : « Il nous faudra attendre quelques instants : Jean-Paul ne veut pas s’en venir avec son costume ; il est allé au dortoir mettre son habit gris. »

Veuve depuis sept ans, cette mère de famille consacrait tous ses efforts à bien élever ses cinq enfants, quatre garçons et une fillette. À la mort du père, Edmond avait pris la direction de la ferme, et même après son mariage avec Angéline Ferland, il continuait de travailler au profit commun. Malgré le peu de ressources, on avait voulu faire instruire Jean-Paul, à cause des talents vraiment exceptionnels qu’il avait manifestés à l’école du village. Madame Forest se montrait particulièrement fière de ce fils dont elle admirait l’extérieur élégant autant que l’intelligence. Peut-être même, sans bien s’en apercevoir, lui accordait-elle un peu plus qu’à ses autres enfants ! Quoi qu’il en soit, Jean-Paul, au collège, ne manquait de rien, pas même du superflu, cette chose si nécessaire aux écoliers.

Autour du parloir, beaucoup de monde circulait. Le vestibule retentissait de voix fraîches et sonores. La joie des vacances chantait dans toutes