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SUR LES QUAIS

Au temps où je dansais la gigue,
J’aurais pu faire un bel enfant.
Mais à présent, ça me fatigue,
Je ne suis plus qu’un ci-devant.

J’en ai marre de l’élégance,
Des romans d’analyse et des chansons d’amour.
Adieu, Messieurs ! Vive la France !
Moi, je remonte dans ma tour.

Ne cherchez pas de qui sont ces vers, où triomphent l’insouciance et la rêverie. Ils sont exactement d’un illustre inconnu dans le plus noble sens du terme. J’ai vainement essayé de me faire présenter à ce poète, qui me paraît, à l’odeur de ses poèmes, passer la moitié de sa vie dehors. Il aime mieux garder l’anonymat. Tout ce que je sais, c’est que ce poète ignoré et peureux est un homme des quais, un bouquiniste, célèbre parmi ses collègues, mais si volontairement hostile à la gloire qu’il ne leur a jamais donné son nom.

Ce que l’on ne saurait nier, c’est que les quais l’aient heureusement inspiré, car il est l’auteur de deux cents poèmes de ce genre désinvolte et