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sin de M. Bader, administrateur desdites Galeries, vient d’ouvrir, non loin de la place, un grand magasin de confections des plus modernes, qui ne désemplit pas et qui évoque la première marée des La Fayette… De mon temps, sur cette petite place de Passy, que de sentiments, que de jeunes filles aux joues d’amande pure, rougissantes, que de premières communions, que de fierté d’être premier en latin, que d’émotions, que de prescience, après la première communion, de ces mariages qui s’amorceraient un jour à l’Opéra-Comique, à Mignon

Car le quartier « Passy-Auteuil » est celui des grands mariages, des photographies pour Vogue, des grosses commandes en voyage de noces, chez Cook. Une seule différence se remarque chez l’habitant de cette région privilégiée : La demoiselle de Passy est plus « affranchie » que la demoiselle d’Auteuil. Anna de Noailles habitait Passy. La princesse de Polignac, grande animatrice et ministre moral de la musique moderne française, habite Passy. Auteuil a moins d’art, moins de manière. Mon vieil ami Jacques-Émile Blanche, je ne le vois qu’en homme de Passy, bien qu’on puisse discuter ici une petite question de frontières dans ce musée européen de l’intelligence qu’il s’est constitué pour son usage personnel, d’une tête subtile et brillante.

Auteuil est comme la campagne de Passy avec son boulevard de Montmorency, ses quais, son viaduc, près de l’église, son restaurant du Mouton Blanc, curiosité historique, ancien lieu de