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CAFÉS DES CHAMPS-ÉLYSÉES

Il y a des cafés qui éclatent d’atmosphère, même quand ils sont vides. Des cafés qui sont, par eux-mêmes, de bons rabicoins, et qui se satisfont d’une confortable célébrité de statue ou de paysage. Tel est encore le café Lipp, tout chaud d’âme et d’intimité. Tels furent jadis le Clairon de Sidi-Brahim de la place du Tertre, ou le Chat-Noir, du temps que Narcisse Lebeau rimait :

Dans le passage Vivienne,
Elle me dit : Je suis d’ la Vienne.
Et elle ajouta :
J’habite chez mon oncle,
C’est le frère à papa.
Je lui soigne un furoncle.
C’est un sort plein d’appas.
Je devais r’trouver la donzelle
Passage Bonne-Nouvelle.
Mais en vain je l’attendis
Passage Brady…
...................................
Les voilà bien, les amours de passage !…

Comme on le voit, les Parisiens, à cette époque, ne connaissaient pas l’angoisse, et ce genre de petits poèmes faisait fureur. Les cafés ont changé