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le bruissement de Paris comme le sont les astronomes par les lumières des étoiles mortes… Je lis souvent que l’on cherche des endroits pour reconstituer certaines fêtes. Pourquoi ne pas essayer le cadre de ce Grand Hôtel, aussi riche d’histoire contemporaine que n’importe quel ministère ?

Un autre hôtel allait bientôt s’élever dans l’ombre de l’ancêtre, et jouir à sa manière de l’enchantement du Boulevard qui évoque la haute noce de la fin du xixe siècle, les dîners du Café Anglais, les diamants de Cora Pearl, Rose Pompon, Blanche d’Antigny, Hortense Schneider et son Khédive, Rochefort, Arthur Meyer, Zambelli, et cet étonnant Nadar, photographe et savant, le Michel Ardan de Jules Verne, qu’il faut tenir pour l’inventeur de la Publicité. Un autre hôtel allait peu à peu absorber l’élite des voyageurs distingués pour lesquels Paris équivaut à quelque diplôme académique : l’hôtel Scribe, aujourd’hui propriété de la Canadian National Railway, n’occupait, avant 1900, que le deuxième étage de l’immeuble dont il s’est peu à peu emparé. À quelque temps de là, il devait avoir, au premier, le voisin le plus important que l’on pût souhaiter. Voisinage nombreux, unique au monde, et dont les arrêts ont force de loi, du moins dans l’univers de ceux qui vivent pour le monde, le sport, le costume et le jeu : le Jockey Club. En août 1926, peu après la défaite du fameux Biribi au Grand Prix de Paris, et trois ans après le départ du Jockey Club, qui laissait dans tout le carrefour un sillage d’élégance, de distinction ai-