Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ENTRE LA MADELEINE ET L’OPÉRA

Je lis sur un petit prospectus orné d’une image, comme on n’en trouve plus que dans les livres jaunis par le temps, ce texte qui me fait rêver : « Grand Hôtel, Paris, 12, boulevard des Capucines. Déjeuners servis à des tables particulières ; vin, café et liqueurs compris, 4 francs. Table d’hôte la mieux servie de Paris, vin compris, 6 francs. 700 chambres, depuis 4 francs par jour ; logement, éclairage, chauffage, nourriture et vin compris. Trois ascenseurs desservent les étages depuis six heures du matin jusqu’à une heure après minuit ». C’était évidemment le bon temps.

L’édification du Grand Hôtel, ancêtre des palaces contemporains, fut pour les Parisiens du xixe siècle un événement comparable à ce que peuvent être pour nous un voyage dans la stratosphère, le lancement du Normandie ou le mystère de la télévision. Le « style publicité » n’ayant pas encore été inventé, les journalistes présentèrent l’établissement en termes très nobles à leurs lecteurs. Les chambres du Grand Hôtel, disait-on, offrent au voyageur un confort qui dépasse l’entendement des hommes. Nous trouvons là des bains, des tuyaux acoustiques, une grande variété de sonnettes, des monte-charge où s’élèvent les plats des cuisines vers les jolies dineuses, un télégraphe « proprement électrique » et,