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à leurs fantaisies. Ce n’est certes pas à l’Astoria que serait descendue cette jolie Chinoise qui est actuellement à Paris et ne peut se retenir ni de gifler au moins trois fois par semaine quelque garçon d’étage, ni de jeter brusquement et sans raison apparente son mobilier par la fenêtre. Qui sait si, dans le quartier de l’Étoile, de pareilles excentricités ne donneraient pas lieu à de très désagréables incidents diplomatiques ? Un meuble de fabrication germanique lancé par des mains orientales sur la tête d’un ancien combattant qui viendrait de ranimer la flamme… On ne sait pas où cela finit.

L’hôtel est déjà suffisamment chargé de drames d’amour, de fiançailles rompues et de Congrès inutiles pour s’occuper de conflits. Tout l’art des directeurs est d’évoluer dans la souplesse, mais d’être fermes aussi quand il le faut. Je n’en veux pour preuve que la mésaventure qui vient d’arriver à un de nos anciens ministres des finances. Comme il y en a eu beaucoup, on ne le reconnaîtra pas. Celui-ci se trouvait donc dans un de nos plus célèbres hôtels et déjeunait avec une dame, ma foi, plus que très désirable, si désirable qu’il ne songea pas plus longtemps à dissimuler ses sentiments et appela le garçon, puis le gérant, puis le directeur, pour leur demander une chambre. Une chambre pour la journée, tout comme rue de Bucarest ! Ne pouvant obtenir satisfaction, il finit par se nommer avec quelque suffisance.

— Dois-je vous dire, Monsieur, lui répondit le directeur, parfait gentleman, que pas un de nous