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AUX CHAMPS-ÉLYSÉES

Deux hôtels tiennent la tête du peloton qui monte à l’assaut de l’Arc de Triomphe : l’Astoria et le Majestic. Astoria est et restera célèbre pour avoir hébergé, tout de suite après la guerre, cette fameuse Commission des Réparations qui devait finalement être endormie treize ans après l’armistice par le président Hoover. Astoria est spécialisé dans le maharadjah : ceux d’Indore, de Kashmir, et celui de Patiala, un des hommes les plus riches du monde, y sont en ce moment. Quand un maharadjah descend dans un hôtel, il y occupe généralement tout un étage, de façon à pouvoir y donner des fêtes sans être gêné. L’établissement qui traite un tel client peut compter sur une recette de 50 à 60 000 francs par jour, ce qui permet au sommelier de faire des bénéfices considérables durant ce merveilleux séjour, et de rêver aux éléphants blancs par-dessus le marché.

Le maharadjah n’est pourtant pas seul à réquisitionner tout le personnel d’une maison. Pour sa part, l’ex-roi d’Espagne ne se privait pas de faire le grand seigneur partout où il passait la nuit, et il constatait que l’on se baissait jusqu’à terre en sa présence. Seul, un directeur d’hôtel républicain lui dit un jour, après sa destitution :