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éventuels, des civilisés et des barbares…

Mais la crise et le gel des monnaies, qui interdit à toutes sortes d’Allemands, d’Argentins, de Siciliens et de Brésiliens de se déplacer facilement, ont en quelque sorte « sélectionné » les hôtels. S’il y a moins d’étalage et moins de luxe un peu partout, il y a aussi moins d’aventuriers et moins de voyageurs douteux. « Nous sommes entre nous », me disait un garçon d’étage fort stylé, bachelier à l’en croire. Un garçon qui s’était rendu indispensable parce qu’il était au courant du maniement complet de la carte de visite en France, et, sur ce point comme sur d’autres, il était très supérieur aux jeunes gens que l’École Hôtelière jette sur le marché par promotions, comme Polytechnique ou Normale.

Pour devenir roi des palaces

Mais il en est de l’hôtel comme de la politique et de l’art : Ce ne sont pas les mieux diplômés qui arrivent aux sommets. C’est une chose, que d’apprendre tous les services d’une maison : éplucher les pommes de terre, répondre en anglais, découper un canard, réparer un appareil pneumatique de transmission, faire le rapport journalier, retenir un client, etc. C’en est une autre de plaire, d’établir le crédit d’une maison. Plus d’un élève de l’école hôtelière a fini secrétaire de quelque bookmaker sur un champ de courses de provinces. Plus d’un marchand de bouillon s’est révélé à temps commerçant, in-