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apprenait outre cela que le linge était blanchi au savon à trois milles de Paris, et non battu ou brossé, comme cela se faisait généralement en France au début du dix-neuvième siècle.

Le prix consenti aux pensionnaires comprenait tout, à commencer par le vin, excepté pourtant le bois, que les clients avaient la liberté d’acheter. Enfin, de même que l’on retient aujourd’hui rue de Rivoli des couchettes de wagon-lit, ou des places à l’Opéra de Berlin, on pouvait, du temps de Louis XVIII, retenir des voitures pour Calais, Boulogne et n’importe quel endroit du Continent.

Lorsque la rue de Rivoli fut achevée en 1835, l’hôtel s’installa en façade dans des bâtiments neufs. Pendant la Monarchie de Juillet et le Second Empire, les clients « sans pension », les pensionnaires ou les visiteurs du Meurice, Anglais, dandies, nobles étrangers, gens de Cour, Parisiens brillants, firent au Meurice la réputation d’être la maison la mieux fréquentée de Paris, réputation qui ricocha jusqu’au triomphe, puis jusqu’au stade de ce qu’on appelle « l’exclusif » en argot hôtelier.

Acheté en 1905 par une nouvelle société, remanié de fond en comble, un nouveau Meurice naquit en 1907 sous la bénédiction des fées qui président aux événements parisiens. Rois et reines du monde entier n’attendaient que ce signal pour inscrire la rue de Rivoli au nombre de leurs résidences : l’Angleterre, la Belgique, le Danemark, la Serbie, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la