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regrette sincèrement que la crise puisse avoir d’aussi pénibles et inélégantes conséquences, et il n’ajoute rien de plus, car il n’est pas juge…

Est-ce la prospérité qui revient ?

Le mot crise est entré dans le vocabulaire des hôtels depuis quelques années. On a bien essayé de ne pas le prononcer au début, mais il a fallu s’y faire à la longue. Il faut dire pourtant que les hôtels parisiens ont stoïquement supporté l’absence de leurs clients, et que, lorsqu’ils ont été obligés de fermer, de céder ou de sous-louer, ils l’ont fait avec dignité, comme les généraux se rendent. Jusqu’à la dernière minute, sans jamais avouer qu’ils souffraient plus que d’autres du malaise économique, ils ont cherché des vétérinaires pour serins quand il le fallait et convoqué des tireuses de cartes pour des clientes indécises.

Aujourd’hui, tous les hôtels parisiens sont dans une situation difficile : la crise hôtelière ne sera résolue que le jour où la circulation de l’argent pourra être rétablie. On se plaint du Tourisme, mais ce n’est pas le tourisme qui est en cause. Les étrangers ne demandent qu’à venir chez nous. Le malheur est qu’ils ne peuvent exporter leurs capitaux, et, quand ils le peuvent, ils redoutent l’effondrement des Changes. Ces fluctuations et ces interdictions ne permettent pas aux hôteliers de faire imprimer des prix. Ils ne peuvent compter que sur des clients hardis et très