Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PALACES ET HÔTELS

Il y a, au Walldorf Astoria de New-York, une téléphoniste qui est préposée spécialement, exclusivement, aux Habitudes. Elle est, en quelque sorte, la mémoire des clients. Elle rappelle à celui-ci qu’il est l’heure de prendre son bain, mais elle pourrait aussi bien lui signaler, sur sa demande, s’il est sensible, que le journal du jour ne comporte aucun crime et qu’il peut l’ouvrir sans crainte. Rien ne montre mieux que la vie d’hôtel est la seule qui se prête véritablement aux fantaisies de l’homme. Paresseux, noctambule, excentrique, celui qui choisit de vivre à l’hôtel est d’abord un client, surtout en Amérique, et la loi, l’impératif est de se mettre à sa disposition sans manifester jamais d’étonnement, demanderait-il quelques grammes de radium ou un éléphant…

Paris, riche de mille cinq cents hôtels environ, d’après l’annuaire des téléphones, ne pouvait rester indifférent à ce code admirable qui permet au citoyen le plus obscur de vivre en prince pendant quelques heures, et nous avons depuis la guerre une dizaine de grands établissements qui ont réponse à tout. C’est peu, dans une ville de mille cinq cents hôtels, mais nous avons le charme… Sur le plan de l’hôtellerie,