Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laissant la poitrine basse, pièce de musée en beau coutil broché qui valait 22 fr. 90 !

Heureux temps ! L’orfèvrerie « en location » pour demi-mondaines coûtait trois francs par mois ; Épine-Vinette, à M. Lech, gagnait la Grande Course de Haies de Monte-Carlo ; on s’arrachait le Fauteuil Hanté de Gaston Leroux ; le roi Manuel se dérangeait pour venir à l’exposition de Sem ; le téléphone public, qu’on venait d’installer, s’appelait « innovation américaine »…

Puis, nous lûmes des billets dus à la plume de Rose Pompon, la plus stupide des grandes Parisiennes, qui confondait l’eau de Botot et l’eau de Vichy, qui tutoya des rois pour mourir sur la paille d’un couvent ; des lettres fort gaies de Blanche d’Antigny, qui allait toute nue sous son manteau en plein Paris…

Je touchai des mèches de cheveux qui avaient appartenu à celles qui bouleversèrent les cabinets particuliers, tandis que mon aimable et digne interlocutrice murmurait : « Autrefois, le plaisir a été quelque chose de divin et de suprêmement élégant, c’était l’art par excellence, alors qu’aujourd’hui, on aime vite et sérieusement… »