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créatures mystérieuses et sans cœur, car elles ont beaucoup trop à faire pour sacrifier à la tendresse, des apparitions plutôt que des femmes, et dont le contact est souvent mortel pour l’âme de l’homme, même quand il a cru simplement s’amuser. Du moins, protecteur ou amant, cet homme pouvait toujours se dire, pour se consoler, comme on disait alors, qu’il avait connu des Parisiennes que leurs mères « avaient conçues en avalant une perle »…

Je croyais, et je l’ai dit ici même, avoir rencontré, en compagnie d’un ami, la « dernière des dernières », qui d’ailleurs n’en était pas une. Depuis, j’en ai vu une vraie, une vraie dernière, qui m’a reçu dans un petit hôtel du dix-septième qu’elle doit à une nuit d’amour prudente et opportune. C’est une dame d’âge, encore belle et dont je tairai le nom. Nous avons évoqué des souvenirs ensemble et touché des objets étonnants, derniers vestiges d’un temps à jamais disparu, par exemple, le programme de Pierre et Thérèse, de Marcel Prévost, représenté pour la première fois au Gymnase, le 20 décembre 1909, et joué par Marthe Brandès et Dumény ; des lettres de Lavallière, qui jouait l’Ange, de Capus, à la même époque ; enfin, le corset Stella no 52 de Mme Bellanger, très long autour du bas, très droit devant, dégageant l’estomac et