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gaze d’argent, ornées de grands volants de Chantilly montés sur robes de Liberty blanc, tant de promeneuses magnifiques, difficiles à atteindre, et d’où montait pour moi cet arome singulier qui provenait du mari âgé, de quelque crème épilatoire et des parfums de l’époque, produits moins purs, évidemment, que ce que les Instituts de Beauté nous offrent aujourd’hui…

Il vous souvient de la façon dont Bourget décrit, dans Un Divorce, l’acheminement dans Paris d’une dame de la haute société, mêlée, qu’elle le voulût ou non, à tous les murmures et à tous les pièges de la capitale. On commençait déjà, avant la guerre, d’admettre Bourget, en même temps que Loti et Anatole France, dans le groupe des écrivains français corrects et dignes d’être expliqués en classe. Un jour que notre professeur de rhétorique abordait ce sujet devant nous pour explorer, comme il disait, le roman contemporain, il déclara sur un ton à la fois confidentiel et respectueux : « Il s’agit d’une Parisienne ! » Sans comprendre, nous avions tous compris. Une sorte de frisson nous courut sur la peau, et nous eûmes l’impression d’être admis tout jeunes dans le mystère…

Et plus tard, je devais m’apercevoir, en effet, que les Parisiennes, en dépit de leur vie étalée et de leurs liaisons tapageuses, demeurent des