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« des vices », décrivent des noces et se complaisent dans un mystère de vestiaire, ne sont pas parisiens pour un sou. Une des premières notations pour un portrait du Parisien pourrait être celle-ci : le Parisien n’est pas un être mystérieux. Ce n’est ni un Borgia, ni un lord anglais, ni un boyard, ni un yankee, ni un mandarin, ni un officier en retraite, ni un calotin. Le Parisien est un monsieur qui va au Maxim’s, sait dire deux ou trois phrases bien senties à sa marchande de tabac, et se montre généralement très gentil avec les femmes. Il aime les livres, goûte la peinture, connaît les restaurants dignes de porter ce nom, ne fait pas trop de dettes, sinon pas du tout, et laisse des histoires de femmes à arranger à ses fils.

Je suis en train d’interroger la postérité d’une foule de Parisiens disparus : Sarcey, Forain, Schwob, Édouard VII, Lemaître, Donnay, Capus, Allais, Lucien Guitry, Grosclaude, Boni de Castellane. Que m’excusent les mânes de ceux que j’oublie. Cette postérité se plaint. Tant d’hommes délicieux n’ont pas été remplacés ! Et les plus parisiens d’aujourd’hui le sont depuis longtemps ! Maurice Donnay, Tristan Bernard, Abel Hermant, Léon Bailby ont connu comme moi ceux que je viens de nommer.

À ces Parisiens succèdent aujourd’hui des « Modernes », et je donne à ce mot tout son sens péjoratif. Les modernes sont des êtres perpétuellement affolés, pour lesquels une crise ministérielle est une source de catastrophes, la chute