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LE PARISIEN

Parlant, il y a pas mal d’années, du fameux Chat Noir de la rue Victor-Massé, Jules Lemaître écrivait : « Ce chat, qui sut faire vivre ensemble la Légende Dorée et le Caveau, ce chat socialiste et napoléonien, mystique et grivois, macabre et enclin à la romance, fut un chat très parisien et presque national. Il exprima à sa façon l’aimable désordre de nos esprits. Il nous donna des soirées vraiment drôles. »

Mais qu’entend-on par une personne ou une chose très parisienne ? On voit bien qu’il faut être né à Marseille pour se vanter d’être Marseillais, ou à Vienne pour proclamer qu’on est Viennois. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir vu le jour à Paris pour être parisien. Cela vaudrait mieux, disait Jarry, ce serait plus sûr. On peut, néanmoins, venir d’Amiens ou de Villersexel. Le regretté, le cher Alfred Vallette souleva pour moi un coin du voile en me faisant un jour remarquer qu’un Parisien, c’est un Français… J’étais bien jeune alors, et j’apportais des vers au Mercure sans trop savoir ce qui allait m’arriver. Mais je devinai que l’excellent directeur venait de prononcer quelque chose de très significatif.

Il avait raison. Le Parisien est, avant tout, un Français. Et c’est pourquoi l’on ne peut tenir pour parisiens certains métèques illustres et dé-