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emménager dès le lendemain. « C’est deux cents milliards, lui dit très sérieusement le diplomate. » Depuis ce jour, ma pauvre amie n’a jamais plus manifesté le désir d’habiter dans un hôtel du xvie siècle…

Le chef-d’œuvre du Marais aux cent hôtels, aux mille petites rues enchevêtrées, si sombres, si tortueuses, si curieusement nommées, si hostiles à la circulation moderne que les taxis ne s’y aventurent qu’en maugréant, le chef-d’œuvre de ce vieux Paris si complet, c’est la place Royale, aujourd’hui appelée place des Vosges en l’honneur du premier département français qui solda ses contributions en l’an VIII. Il y a une grande idée au fond de cette récompense et, par ces temps de budgets difficiles, on devrait bien songer à décerner une médaille ou à donner un bureau de tabac au premier Français qui, chaque année, réglerait ses contributions sans tricher…

La première maison de la place Royale date de 1605 et servait d’habitation aux entrepreneurs des manufactures de soieries. Passant un jour par là, Henri IV eut l’idée de faire construire, à côté de cette première habitation, d’autres constructions absolument semblables, dont l’ensemble constituerait une place quadrangulaire. La première préoccupation d’Henri IV fut de veiller d’abord à la construction des deux bâtiments qui formeraient l’axe de la place, et qui ne sont autres que le pavillon du Roi et le pavillon de la Reine. Ce joli concert de maisons roses, calmes, attirantes et racées occupe la plus grande partie