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comme types caractéristiques dignes d’illustrer des volumes, mais elles fuient comme les Chassidims devant l’objectif, et aimeraient mieux mourir que de contrevenir aux ordres gravés dans les rouleaux de la Loi.

Il n’y a pas de question juive en France, du moins dans le cadre du ghetto, dont les indigènes sont trop occupés à comparer les avantages respectifs et les parties de sainteté de leurs sectes. La plupart d’entre eux, du reste, commerçants aimables, infiniment doux et sérieux, condamnent sévèrement la paresse et la saleté des émigrés de Galicie ou d’Ukraine, dont l’accoutrement et les habitudes font, à leur sentiment, un tort considérable au Peuple Élu. Rue des Rosiers, la règle est de s’occidentaliser un peu chaque jour. La police de Varsovie, où le Juif est nombreux et remuant, dispose en ce moment de pompes automobiles ingénieuses, rapides, nationales et antisémites. Elle ne se prive pas d’arroser abondamment les étudiants ou syndicalistes juifs au moindre mouvement de mauvaise humeur. Rien de pareil en France. Des forces antisémites ont bien essayé d’envahir tout récemment le quartier juif de Paris. Mais le Juif parisien est courageux, et il le fit bien voir à l’occasion de cette descente.

Assurément, il y a une minorité juive qui abandonne un jour le ghetto, à Paris comme à Wilno ou à Cracovie, qui fuit ces campements sordides après fortune faite, achète des équipages, s’habille à Londres, prend divers trains bleus et