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le véritable caractère de la poésie homérique ; Ptolomée Épithétès sur les blessures décrites dans Homère ; Érodianus, Ptolémée, Ascalonète et Tyrannion, sur la prosodie, c’est-à-dire sur l’accentuation des mots. Enfin, Hermas et Stratoclès s’étaient occupés de la tactique de l’auteur de l’Iliade.

Si nous suivons la série des temps et que nous examinions les éditions les plus précieuses qui ont été faites des œuvres d’Homère, nous trouverons que la première édition d’Homère, depuis l’invention de l’imprimerie, édition toute grecque et qui est en même temps une des plus magnifiques et des plus rares, est celle de Démétrius Chalcondyle d’Athènes et de Démétrius de Crète. Elle parut à Florence le 9 décembre 1488 en un volume in-folio. Elle avait été conférée avec le commentaire d’Eustathe ; on y a joint les deux vies d’Homère attribuées à Plutarque et à Hérodote.

Cette rare et précieuse édition fut fidèlement reproduite en 1504 par les presses des Aldes à Venise, en deux volumes in 8° ; mais la seconde aldine de 1517 offre dans le texte des différences sensibles que reproduisent les éditions subséquentes jusqu’à celle de 1528 inclusivement.

Plus tard, Henri Étienne, à l’aide d’un ancien manuscrit et des commentaires d’Eustathe, recueillit un certain nombre de variantes qu’il jeta en marge ou développa avec ses propres conjectures dans les notes de son bel ouvrage Poetæ græci principes heroici carminis, 1566.

Elles avaient été précédées de deux traductions latines de l’Iliade, l’une en vers et l’autre en prose, publiées avant le texte grec lui-même : celle en vers de Nicolas Valle, qui ne comprend que les chants 2, 4, 5, 13, 18, le commencement du 19, les 20, 22 et 24, parut en 1474 ; celle de Laurentius Valle, en 1477, sous le titre suivant :

Homeri poetarum supremi Ilias per Laurentium Vallens in latinum sermonem traducta feliciter incipit. Brixie VIII kalend. december, MCCCCLXXVII.

En 1530, Jehan Samxon donna la première traduction française de l’Iliade : il l’avait entreprise par l’ordre de François Ier ; elle parut sous ce titre : « Iliades de Homère, poete grec et grant historiographe, avecques les premisses et commencements de Dupont de Coulonne, souverain historiographe, additions et séquences de Darès Phrygius et de Dictys de Crète, translatées en partie de latin en langage vulgaire par Mestre Jehan Samxon, licentié en loys, lieutenant du bailli de Touraine, en son siège de Chatillon sur Indre. Jehan Petit avec privilège. »

Ce ne fut que plus d’un demi-siècle après que parurent en grec les œuvres d’Homère avec les Commentaires entiers d’Eustathe, sous ce titre : Homeri Ilias et Odyssea græce cum commentariis græcis Eusthatii, archiepiscopi thessaloniensis, Romæ, apud Bladum et Gontam, 1542 et 1550, 4 volumes in-folio. Cette édition, la seule complète des commentaires d’Eustathe, a pendant longtemps été considérée comme un chef-d’œuvre de saine critique et de littérature. A l’aide du temps on a découvert de nombreuses fautes dans le texte, une stérile abondance dans le commentaire.

Six ans après cet Homère de Rome, parut à Leyde une édition estimée, à laquelle on joignit une édition latine et les scolies très-concises de Didyme, le tout formant 2 volumes in-8o.

En 1711, Josué Barnès reproduisit l’Homère grec et latin de Didyme à Cambridge, avec ses propres commentaires, sous ce titre : Homeri Ilias et Odyssea, græ-colatina, cum scolis Didymi, necnon notis perpetuis Josue Barnes, 2 volumes in-4o.

Au milieu du 18e siècle, parut l’Homère de Clarke : Homeri Ilias et Odyssea, cum opusculis græco-latinis ex editione et cum notis Samuelis Clarke, Londres, 1734, in-4o, 4 petits volumes. Malgré les récriminations de Wolff, qui, dans ses Prolégomènes, a accusé Clarke d’altérations téméraires dans le texte, cet Homère a pris place dans les bibliothèques comme une édition remarquable.

De 1759 à 1764 parut à Leipsiek, en 5 volumes in-8o, une nouvelle édition d’Homère recommandable par sa fidélité au texte primitif : elle était d’Ernesti, un des savans les plus illustres de la Saxe.

L’érudition allemande ne se borna pas là. A l’aide des recherches laborieuses, des fragmens compilés de toutes parts, des scolies chargeant le texte, des notes hérissant chaque vers et d’un cortège pompeux de commentaires qui de la science intelligente passe à une sorte de patiente niaiserie, le célèbre Hugue, le doyen de l’université de Gœttingue, publia une nouvelle édition d’Homère en 8 volumes in-8o, égalant en grosseur et en texte 8 volumes in-4o. Ce résultat d’une émulation certainement louable est-il utile à la gloire d’Homère ? Nous ne savons ; mais on doit regretter tant de loisir et tant de science prodigués durant des années précieuses sans que le domaine de l’intelligence des hommes ait été augmenté d’une idée.

Nous arrivons à une œuvre complète et qui révéla à l’Europe des richesses qui lui étaient ignorées. Un helléniste célèbre, Villoison, envoyé à Venise pour y rechercher les matériaux de l’ancienne littérature, trouva dans la bibliothèque de Saint-Marc un manuscrit du 10e siècle renfermant une Iliade toute grecque avec les leçons de soixante des plus fameux critiques de l’antiquité, tels qu’Aristarque et Lénodote. Les variantes des éditions données dans les villes de Chio, de Sinope et d’Argos y avaient été jointes et le rendaient ainsi doublement précieux. Ce manuscrit fut publié et constitua l’Homere Variorum, le plus complet et le plus important, mais non pas encore le plus pur de texte.