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heures silencieuses de la nuit obscure tu reposes sous les flammes célestes des astres. Tu as planté tes racines plus profondément encore, tu tiens jusqu’aux limites du monde, tu es le principe et la fin. Tout fleurit autour de toi : tour à tour tu chantes sur ta lyre les demeures célestes et tu descends jusqu’aux confins les plus éloignés de ta demeure ; tu conduis le ciel entier suivant le mode dorien, tu varies les générations animées, tu distribues également aux hommes les saisons, tu leur accordes des destinées pareilles, tu entremêles également l’été et l’hiver : pendant que tu donnes l’hiver à ceux qui habitent ce côté de notre globe, tu donnes l’été aux autres, et tu ramènes d’après le mode dorien le printemps délicieux pour les mortels ; aussi les hommes t’ont surnommé avec justice le dieu Pan, qui porte des cornes et qui domine le souffle des vents. Toi qui commandes aux constellations des cieux, sois-nous favorable, écoute les vœux supplians de tes prêtres.

XXXIV.

PARFUM DE LATONE.

La Myrrhe.

O Latone, qui as engendré deux enfans, déesse vénérable, déesse au voile d’azur, déesse au grand cœur, déesse illustre, comblée de vœux, tu as mérité de concevoir dans les bras de Jupiter et d’enfanter deux enfans, Phœbus et Artémis-Diane aux flèches puissantes, celui-ci dans l’île de Délos et celle-là dans la Haute-Ortygie, grande déesse, sois-nous donc favorable, regarde d’un œil propice les sacrifices que nous t’offrons.

XXXV.

PARFUM DE DIANE.

La Manne.

Sois-nous favorable, ô grande reine, vierge célèbre, fille de Jupiter, déesse titanienne, déesse au grand cœur, aux flèches puissantes, déesse de la chasse aux filets, déesse visible pour tous, déesse qui portes une torche, toi qui présides aux enfantemens et qui toujours en as été exempte, toi qui délies ta ceinture, toi qui rends furieuse, Diane chasseresse, qui cours la nuit, déesse dangereuse, redoutée et estimée, aux formes masculines, sainte nourrice des hommes, déesse incorruptible, déesse sauvage, puissante et bienheureuse, meurtrière des bêtes féroces, chaste divinité qui habites les forêts et qui tues les cerfs ; reine auguste, et qui jouis d’un âge toujours florissant, déesse des bois, déesse de la Crète, viens à nous, sois-nous favorable, apporte-nous les présens délicieux de la terre, les dons charmans de la paix, la santé précieuse, et relègue toutes les maladies sur des montagnes éloignées.

XXXVI.

PARFUM DES TITANS.

L’Encens.

Titans, race illustre de la terre et du ciel, ancêtres de nos pères, habitant dans les entrailles du globe des demeures horribles, au milieu de l’empire tartare ; principe et semence de tout ce qui respire, de l’air, de la mer et de la terre qui porte des fruits ; c’est de vous que proviennent toutes les générations des hommes ; je vous adore ; éloignez de nous les colères dangereuses s’il s’en trouvait qui vinssent menacer nos maisons.

XXXVII.

PARFUM DES CURÈTES.

L’Encens.

Curètes retentissans, Saliens qui portez les boucliers de Mars, riches habitans de l’air, de la terre et de la mer, souffles générateurs, semences conservatrices du monde, vous qui, demeurant dans les lieux sacrés de la Samothrace, courez à pleines voiles à travers l’océan jusqu’aux extrémités du monde, vous avez les premiers enseigné les sacrifices aux mortels ; Saliens éternels qui portez les boucliers de Mars, vous frappez l’océan, la mer et les chênes élevés ; vous frappez la terre du pied dans vos bonds prodigieux, et vous faites élinceler vos armes en les agitant. Toutes les bêtes féroces tremblent, le bruit et le fracas se répandent à travers les immensités azurées du ciel. Leurs pieds agiles font jaillir des nuages de poussière qui les environnent, et l’éclat des fleurs verdoyantes est terni. O génies éternels, lorsque la colère des dieux tombe sur les hommes, vous