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encore plus forts ; il ne craint point de dire qu’elles élevaient le vainqueur au-dessus de la condition humaine ; ce n’était plus un homme, c’était un dieu :

... Palmaque nobilis
Terrarum dominos evehit ad Deos.

Od. I, lib. I.

Sive quos Elea domun reducit
Palma cœlestes.

Od. 2, lib. 4.

Cependant le relâchement s’étant introduit dans les courses de chevaux et de chars s’étendit insensiblement aux autres exercices. Ces combats, si illustres par leurs auteurs et si utiles par le but qu’ils s’y proposaient, donnèrent lieu aux maîtres qui les pratiquaient avec plus de succès et qui les enseignaient à la jeunesse, de s’y livrer par ostentation et de faire assaut entre eux pour le simple plaisir de se donner en spectacle et de chercher à divertir le public.

Aussi l’auteur de l’Esprit des lois observe-t-il que, « du temps de Platon, les jeux olympiques étaient encore dignes d’admiration. Ils se rapportaient à un grand objet, qui était l’art militaire. Mais lorsque les Grecs n’eurent plus de vertus ces institutions détruisirent l’art militaire même. On ne descendit plus dans l’arène pour se former, mais pour se corrompre. Plutarque raconte que de son temps les Romains pensaient que ces jeux avaient été la principale cause de la servitude où étaient tombés les Grecs : c’était au contraire, reprend judicieusement notre profond politique, la servitude des Grecs qui avait corrompu ces exercices. Du temps de Plutarque, l’exercice de la lutte rendait les jeunes gens lâches, les portait à un amour infâme et n’en faisait que des baladins. Du temps d’Épaminondas, le combat de la lutte faisait gagner aux Thébains la bataille de Leuctres (liv. 8, chap. 11). »

La cessation entière des jeux olympiques arriva la deux cent unième olympiade, à compter de celle de Corœbus, l’an du monde 3977 ; de la fondation de Rome 783, et de notre ère le vingt-huitième. Cette Olympiade se trouve inscrite du nom d’Hermogène, de Pergame, qui fut sans doute le dernier vainqueur à la course des chars. Rome, qui jusque-là s’était contentée de vaincre l’univers, vaincue à son tour par le luxe de la Grèce subjuguée, voulut plaire et avoir ses spectacles, ses cirques, ses amphithéâtres. Tous les regards se tournèrent de ce côté ; les peuples y accoururent en foule pour faire leur cour aux empereurs, et désertèrent insensiblement le stade olympique.

Nous terminerons cette dissertation par quelques réflexions sur la manière dont Pindare divise ses odes en strophes, antistrophes et épodes.

Les odes que les premiers poëtes composèrent pour célébrer les louanges de la divinité furent non-seulement embellies par tous les charmes de la poésie mais encore relevées par le son des instrumens les plus harmonieux. Bientôt après, la musique ayant été introduite dans le sanctuaire, la danse ne tarda pas à l’être aussi, parce que ces deux arts se lient intimement l’un à l’autre par l’expression ; aussi trouve-t-on chez toutes les nations au nombre des cérémonies religieuses la danse appelée sacrée.

Cette danse était en usage chez les Juifs dans les fêtes solennelles établies par la loi, ou dans les occasions de réjouissance publique pour rendre grâces à Dieu et pour l’honorer. Après le passage de la mer Rouge et avant la promulgation de la loi, Moïse et sa sœur chantèrent et dansèrent devant le peuple pour remercier le Seigneur de les avoir arrachés à la vengeance de Pharaon.

Lorsque la nation sainte célébrait quelque événement heureux, où le bras du Tout-Puissant s’était manifesté d’une manière éclatante, les Lévites exécutaient des danses solennelles.

David se joignit à ces ministres sacrés, et dansa en présence de tout Israël lorsque l’arche fut ramenée dans la maison d’Obédédom à Bethléem.

La danse sacrée ne se trouve pas seulement chez le peuple juif, elle était encore pratiquée chez les Égyptiens, qui l’établirent en l’honneur d’Isis. On leur doit aussi l’invention de la danse astronomique, qui s’exécutait dans les temples et qui représentait, par des mouvemens variés et certaines figures l’ordre, le cours des astres et leurs différentes révolutions. Platon et Lucien en parlent comme d’une invention sublime.

Orphée, qui avait puisé chez les Égyptiens toutes ses idées sur la divinité et son culte, introduisit aussi chez les Grecs la danse sacrée. Depuis lui, toutes les fois qu’on élevait un autel