Page:Faguet - Simplification simple de l’orthographe, 1905.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
DE L’ORTHOGRAPHE

mairiens, les pédants, et particulièrement Robert Estienne, avec son dictionnaire de 1540. Robert Estienne était féru de latinité et d’étymologie. Il voulut calquer la langue française sur la latine. Pour cause ou sous prétexte d’étymologie, il introduisit des lettres dans les mots. Les lexiques de son temps écrivaient fait, lait, point, hâtif, etc. Il écrivit faict (à cause de factum), poinct (à cause de punctum), laict (à cause de lac, lactis), hastif, je veux être roué si je sais pourquoi.

Il fut suivi, il fut dépassé, et, au milieu du xvie siècle, ce fut une orgie de lettres parasites et de mots tirés du grec, scrupuleusement calqués sur le mot grec : th, ph, rh, ch, à foison.

C’est précisément tout de suite, Dieu merci, et je reconnais là le bon sens et l’esprit de clarté des Français ; c’est précisément tout de suite, mais lentement, que commença, pour ne pas s’arrêter, le travail de simplification.

Il commença par Ronsard et du Bellay. Ronsard était simplificateur très radical. Il disait dans son Abrégé de l’art poétique à M. d’Elbenne, abbé de Haute-Combe : « Tu diras, selon la contrainte de ton vers : or, ore, ores, adoncq, adoncque, adoncques, aveq, avecques et mille autres, que, sans crainte, tu trancheras ou allongeras